LONDRES (Reuters) - Le gouvernement britannique souhaite autoriser l'un de ses services de renseignement à surveiller toutes les conversations téléphoniques, tous les courriels et toute activité en ligne dans le pays, dans le but de mieux combattre la criminalité et le terrorisme, a fait savoir dimanche le ministère de l'Intérieur.
"Il est crucial que la police et les services de sécurité soient en mesure d'obtenir certaines données sur les communications, dans certaines circonstances, afin d'enquêter sur les crimes graves et le terrorisme et pour protéger la population", a déclaré un porte-parole du Home Office.
Le projet de loi en ce sens a déjà soulevé de vives critiques au sein même du Parti conservateur, au pouvoir, certains voyant là une atteinte à la vie privée et aux droits des personnes.
"Ce que le gouvernement n'a pas expliqué est précisément pourquoi il compte pouvoir écouter tout le monde sans passer par un juge ou un mandat, ce qui était le cas jusqu'alors", a déclaré David Davis, député à la Chambre des communes, à la BBC.
"C'est là une extension inutile de la faculté qu'a l'Etat de fouiller dans la vie des gens", a-t-il jugé.
Le projet de loi en question devrait être présenté dans le discours prononcé par la reine Elisabeth en mai pour fixer le programme législatif.
A l'heure actuelle, les services de renseignement britanniques ne peuvent surveiller les conversations téléphoniques et les courriels de personnes susceptibles de faire l'objet d'une enquête qu'après avoir obtenu un feu vert ministériel. Etendre cette faculté à toutes les personnes va à coup sûr indigner les défenseurs des libertés civiques.
En vertu de la nouvelle loi, les fournisseurs d'accès à internet devront installer un appareil qui permettra aux services du Government Communications Headquarters (GCHQ), l'agence britannique chargée des écoutes, d'accéder en temps réel à certaines données sur les communications.
La nouvelle loi n'autorisera pas le GCHQ à avoir accès au contenu des courriels, conversations téléphoniques ou autres messages sans un mandat, mais elle lui permettra de savoir avec qui un individu ou un groupe était en contact, à quelle fréquence ils ont communiqué et pendant combien de temps.
Un projet de loi du même genre avait été envisagé par le Parti travailliste en 2006, alors qu'il était au pouvoir, mais il avait été abandonné par la suite face à la vive opposition des Tories et des Libéraux démocrates, qui gouvernent désormais en coalition.
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