"L'antisémitisme fait encore trop de victimes en France"
Par Léonore Guillaume, publié le 10/02/2012 à 14:34
Un rapport du Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ) publié ce vendredi fait état de 389 victimes d'actes antisémites en 2011. Ariel Goldmann, vice président du CRIF et porte parole du SPCJ, commente ces chiffres.
Le rapport du Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ) dont vous êtes le porte parole compte 389 victimes d'actes antisémites en 2011. Comment avez-vous établi ce chiffre?
A chaque fois, nous devons pouvoir établir que le mobile antisémite en est à l'origine. Nous avons donc référencé tous les types de violences à caractère antisémite qui sont survenues en France en 2011. L'étude se base sur tous les appels au numéro vert du Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ), et qui ont ensuite donnés lieu à une plainte auprès de la police. Nous ne retenons que les actes antisémites clairs. Il faut que des injures soient proférées, ou que des éléments, comme des inscriptions, attaquent directement la religion juive. Par exemple, si un homme qui sort d'une synagogue se fait agresser, ou s'il y a des inscriptions sur les lieux, il n'y a pas de doute sur le caractère de l'attaque.
Les attaques concernant les autres religions sont-elles également répertoriées par la police?
Normalement, il n'y a pas de classification ethnique. Mais depuis l'instauration de la loi Lellouche en 2003, l'antisémitisme est considéré comme une circonstance aggravante dans des cas d'actes à caractère raciste. Lorsqu'ils sont confrontés à cela, les policiers doivent donc le noter sur le rapport de plainte. Ce n'est pas le cas pour les autres religions.
Quelles sont les violences les plus souvent commises?
Il existe deux typologies bien distinctes. Nous dissocions les actions violentes (homicides, agressions, vandalisme) et les menaces et intimidations. Nous sommes satisfaits car l'ensemble de ces actes est en baisse de 16,5% par rapport à 2010. Mais même si les plaintes pour menaces ont diminué, les actions violentes sont toujours aussi nombreuses. L'antisémitisme fait encore trop de victimes en France.
Y-a-t-il un profil d'agresseur type?
On ne peut pas vraiment le dire. Youssouf Fofana, condamné pour le meurtre d'Ilan Halimi, dirigeait un gang dont les membres étaient de toutes origines. Bien sûr, des groupes néo-nazis ou d'extrême droite sont parfois impliqués dans des attaques de cimetières, mais il n'y a pas de portrait robot. En revanche, les victimes vivent souvent dans des zones difficiles ou des quartiers réputés tendus. Il est vrai qu'à Paris, certains quartiers du XIXe ou de banlieue proche sont souvent cités.
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