Un homme, déjà condamné pour s'être fait passer pour un policier puis pour un militaire, a décroché la direction de l'aéroport de Limoges avec un faux CV.
Jean-Pierre Gaillard est un escroc de talent. Début novembre, cet homme de 43 ans était présenté comme le nouveau directeur de l'aéroport international de Limoges. Son CV était flatteur: ancien pilote de chasse dans la Marine nationale, ingénieur de l'Ecole nationale d'aviation civile (ENAC), il dirigeait jusqu'alors une filiale de la société Entrepose Contracting (Groupe Vinci). Lors de son arrivée à Limoges, il avait décrit ses actions de militaire durant les deux guerres du Golfe, en ex-Yougoslavie et au Liban, lors d'une interview accordée à la presse locale.
C'est finalement une cliente de l'aéroport qui l'a reconnu sur une photo et a donné l'alerte fin janvier. Et le masque est tombé. Jean-Pierre Gaillard n'était rien de ce qu'il prétendait être et surtout n'était pas qualifié pour diriger l'aéroport de Limoges qui fait voyager plus de 400.000 passagers par an et est desservi par quatre compagnies: Air France (via sa filiale Britair), Ryanair, Flybe et Airlinair.
Pire, Jean-Pierre Gaillard avait déjà été condamné à différentes peines, dont des peines de prison ferme, par les tribunaux de Pontoise (Val-d'Oise), d'Agen (Lot-et-Garonne), Périgueux (Dordogne) et de Bordeaux (Gironde) pour plusieurs délits: dégradations de biens, incendie, faux et usage de faux, escroquerie, abus de confiance, vols… En 1995, il s'était déjà fait passer pour un policier. L'année suivante, il avait produit de faux documents militaires. Malgré ces nombreuses condamnations, il avait réussi à produire un extrait de casier judiciaire vierge pour se faire embaucher à la direction de la plate-forme aéroportuaire de Limoges.
«Une vraie mystification comme on en voit dans les romans»
Sur l'aéroport, tout le monde est tombé des nues. «Personne n'a eu l'esquisse d'un début de soupçon. Il a totalement fait illusion», a reconnu Jean-Pierre Limousin, le directeur de la chambre de commerce et d'industrie (CCI), gestionnaire de l'aéroport. L'intéressé a estimé avoir été victime d'«une vraie mystification comme on en voit dans les romans ou au cinéma».
Jean-Pierre Gaillard est aujourd'hui introuvable. Son contrat prévoyait une année d'essai: la Chambre de commerce et d'industrie a donc mis fin à son contrat immédiatement et sans préavis. Aucune plainte n'a été déposée, la CCI ne s'estimant, pour l'instant, victime d'aucun préjudice: l'usurpateur aurait fait preuve de grandes qualités professionnelles dans ses nouvelles fonctions et aurait abattu un travail remarquable, selon ses proches collaborateurs.
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