jeudi 7 juin 2012

Le baiser du serpent



On aurait aimé que ce soit aujourd’hui le premier avril. Pour croire que ce pourrait être une mauvaise blague. Mais non, ce sont bien deux poissons, Félix, Léon et leurs amours, que nos têtes blondes devront avaler.
On nous dit qu’en 2010, notre ministre de l’Éducation nationale avait « plié », comme une faiblesse qui l’aurait amené à refuser cet indispensable instrument de la « lutte contre l’homophobie » qu’est le dessin animé Le Baiser de la lune. Il faut croire que – peur de se faire sodomiser dans cette posture inconfortable ? – il se serait redressé, puisque Libération, le journal de la gauche Rothschild, nous exprime ce matin son soulagement à l’annonce que ce conte à déniaiser les enfants qui croient encore que les princesse tombent amoureuses des princes et vice-versa, pourra enfin leur être projeté dès leur entrée au Cours Moyen.
Ce soulagement, on le perçoit aussi dans le témoignage de cette institutrice qui nous apprend que sans cet « outil pédagogique » elle n’aurait pas pu aborder le thème de l’homophobie dans sa classe.
La belle affaire ! Faut-il vraiment que nos enfants de moins en moins innocents, nos petites filles qui à huit ans peuvent trouver à leur taille string et soutien-gorge rembourré, nos petits garçons qui ont accès au porno avant même de savoir que leur zizi ne leur servira pas qu’à pisser, faut-il vraiment qu’à pas même dix ans, ils sachent « qu’ils ont le choix », qu’il leur faudra tout essayer pour se déterminer... ou ne jamais se déterminer et voguer libérés, à voile et à vapeur sur l’océan des plaisirs ?
Faut-il vraiment les soumettre ainsi à la tentation de ce qui ne les aurait peut-être jamais tenté ? Faut-il vraiment que nos enfants ne puissent plus être des enfants, et qu’à l’insu de leurs parents – car ne doutons pas que la projection de ce « conte pédagogique » ne sera pas annoncée à leurs géniteurs, de crainte qu’ils ne fassent leur devoir d’éducateurs en gardant leurs enfants à la maison – on les fasse pleurer sur les amours contrariés de deux alevins du même sexe ?
Amours contrariées par une vieille grand-mère, pas méchante mais rétrograde, image indispensable aujourd’hui afin ne pas risquer de freiner les avancées libératoires d’une société, qui à force de se libérer perd tout repère et toute boussole ; il ne faut ainsi accorder à nos Anciens aucune sagesse et les représenter bien au contraire, entre mépris et commisération, comme des attardés qui n’ayant pas pu suivre the move ! ne sont plus bons qu’à radoter...
Jusqu’à ce qu’ils soient, peut-être, touchés eux-aussi par la grâce de la modernité et de ses « valeurs », au premier rang desquelles se trouve ce nouveau concept de la « non-discrimination ».
Exit donc le bon sens et la raison.
Place à l’émotion ! Ah l’émotion ! quel magnifique vecteur pour modeler l’âme et atteindre les consciences... Et qu’il sera difficile ensuite pour les parents réfractaires qui voudront remettre de l’ordre – horresco referens ! – dans la tête de leurs chérubins, lorsqu’ils auront en face d’eux leur enfant bouleversé par le triste regard de l’amoureux incompris.
Voilà pourquoi il faut que ce genre de film soit projeté à des enfants jeunes : ils sont encore à cet âge touchés par la larme de la biche, et la peine du poisson gay sera si fortement inscrite dans leur inconscient que la raison ne pourra plus imposer dans leurs esprits que la nature n’avait pas prévu les choses ainsi, et qu’il n’y a là aucune discrimination.