mercredi 6 juin 2012

Le massacre de Houla était planifié et a été instrumentalisé


RÉFLEXIONS D’UN TÉMOIN SYRIEN

Le massacre de Houla a suscité une colère d’autant plus grande que le massacre de ces familles était planifié et a été instrumentalisé de manière très précise. L’Occident qui, embarrassé, a accepté le plan Annan avec les contraintes imposées, a continué en fait de soutenir les bandes armées.


Dans le respect du plan Annan, l’armée syrienne, elle, s’abstient d’intervenir [ce sont les forces de sécurité qui défendent la population -ndt], et les gangs s’en donnent a cœur joie. Les assassinats d’officiers devant leur porte continuent, ainsi que la pose de charges explosives sur la voie publique et sous les voitures des civils, les attaques contre les transports publics entre les villages et l’assassinat de leurs passagers.

Hier, une municipalité dans le nord de la Syrie a été incendiée et les policiers ont été carbonisés. On nous a montré des petits sacs portant les noms des soldats et des officiers.
Le jour de l’arrivée d’Annan, les ambassadeurs syriens ont été expulsés par des États occidentaux. Cela n’est-il pas une déclaration de non reconnaissance du plan Annan ? N ’est-ce pas là un message adressé aux bandes armées ?
En dépit de tout cela, la Syrie libère les détenus qui n’ont pas de sang sur les mains. Et je ne vois parmi eux dans le vestibule du ministère de l’intérieur que des gens pauvres, arriérés et analphabètes ; mais sans doute que les criminels entraînés, ont, eux, un haut niveau d’intelligence maléfique. Toutefois les gens instruits, comme Burhan Ghalioun et les filles de la famille Atassi, ne diffèrent en rien de ces analphabètes dominés par le cheikh arriéré Al Arour. Car ils sont rémunérés pour œuvrer contre la Syrie, ils acceptent les directives de Clinton et de Sarkozy, ils abandonnent les idéaux patriotiques traditionnels et ils se complaisent dans le projet sioniste.
Les rebelles armés sont-ils des milliers ? Mais ils sont des millions à refuser le chaos et les tueries ! Qui est le plus fort ?
Une bande armée peut déstabiliser une ville, si elle n’est pas contrée par les forces de sécurité et par l’armée. Les gangs ont menacé les commerçants, leur slogan était : « Vous fermez ou vous brûlez ». Les habitants des campagnes et des banlieues où se déplacent les gangs ont eu peur. Même les commerçants du souk Hamidiyeh de Damas ont eu peur et ont fermé un moment leurs boutiques ; puis ils les ont rouvertes. Ainsi, les gangs venant de plusieurs villages se sont regroupés et ont attaqué la banlieue de Jdaydeh [à l’ouest de Damas] ; ils se sont manifestés et ont tiré des coups de feu dans le vieux Doummar et le vieux Koudsaya, [toujours dans les environs de Damas].
Les gens sont mécontents et réclament l’intervention de l’armée, que le plan Annan empêche de se déployer. Après les menaces d’incendie, les gangs ont menacé les gens : « N’allez pas à la mosquée ce vendredi », c’est-à-dire aujourd’hui ! La réponse de la Syrie a été : la prière du vendredi sera consacrée au repos de l’âme des martyrs de Houla et des martyrs de la Syrie.
Que veulent les rebelles ? Aucun projet politique ne guide ces gangs. Leur seul projet est l’épuration confessionnelle. Les consignes d’al-Arour et du parti de libération islamique du nord Liban sont : « Que meurent le tiers des Syriens, les druzes, les chrétiens et les alaouites ! ». Le projet de la façade politique de l’opposition à l’extérieur est la chute du régime ! Ils ne se soucient ni de la levée de l’état d’urgence, ni de la rédaction d’une nouvelle Constitution, ni des élections parlementaires. Leur véritable projet est le morcellement de la Syrie et la suppression de son indépendance nationale !
Tout changement politique nécessite des forces politiques qui le conduisent. Quelles sont les forces qui peuvent conduire la Syrie sur la voie d’un changement radical. Si ces forces étaient politiques, elles auraient mis leur poids dans les élections et auraient gagné. Mais l’opposition sait qu’elle n’est pas populaire ; les gangs savent que leur puissance vient de leur sauvagerie et non de leur popularité. Les wahhabites sont une force destructrice et meurtrière, et pas une force politique électorale.
Dans ces circonstances, le Qatar, l’Arabie et l’Occident font pression pour imposer une nouvelle carte. Ils se sont heurtés au peuple syrien, et ils se heurtent maintenant à des puissances mondiales ; c’est pourquoi ils n’arrivent pas à imposer une décision internationale permettant l’intervention militaire. Mais ils ont le pouvoir d’asphyxier l’économie nationale qui comptait sur ses échanges avec l’Occident ; ils réussissent aussi à infiltrer des armes et à entrainer des gangs.
L’armée syrienne peut riposter, mais « l’opération politique » lui lie les mains.
Les familles qui ont été déplacées de Hama, ou qui ont été attaquées à Homs, les chrétiens réfugiés a Chin, Barchin et Machta, ont interpellé les observateurs. Les femmes leur ont crié à la figure : « Vous couvrez les crimes ! ». Ils ont répondu : « Nous sommes là pour faire rapport sur la violence, pas pour l’empêcher » !!
La situation complexe s’est matérialisée dans la tuerie de Houla. Les gangs contrôlent la région de Houla ; c’est dans cette région qu’a été tué le fils d’Ali Haydar. [1]. Des bandes armées se sont dirigées de Talbiset, Rastan et autres, vers Houla. Elles comprenaient entre 600 et 800 hommes armés. Certains ont attaqué le poste des forces de l’ordre en dehors du village ; d’autres se sont occupés de tuer les familles qu’ils avaient cataloguées comme « pro-régime ». Des habitants de Houla en ont témoigné, des témoins qu’il faut protéger.
Hier, le porte-parole officiel du ministère des affaires étrangères syrien a déclaré : « Nous avons été les premiers à demander aux observateurs de se diriger là-bas ». Souvenez-vous de la tuerie de Rasak qui a servi à justifier le bombardement de Belgrade. Le massacre de Houla sert à accuser la Syrie, à justifier l’embargo contre elle, et à fortifier les bandes armées. Les médias sont prêts à porter de telles accusations !
Aspect tragi-comique : les victimes de Houla étaient contre les bandes armées, mais ces bandes et leurs représentants politiques instrumentalisent leur mort !
Ce sont des jours difficiles, mais le sage comprend que l’Occident n’est pas apte à défendre les libertés ! Et que le Qatar et l’Arabie saoudite arriérés, n’apportent pas la démocratie ! Et que ceux que le Mossad entraîne, et arme avec des armes israéliennes , ne veulent pas le bien du peuple syrien ! Et que les Syriens ne se laisseront pas gouverner par des arriérés et des criminels dirigés par les wahhabites !
Un témoin syrien
Damas, le 2 juin 2012.
Traduit de l’arabe par Anis El ABED pour silviacattori.net